Je vous previens d’emblee : au sein de ce message, vous allez manger du chiffre comme jamais. Enfin, juste quelques nombres, a la volee et sans pretention aucune !
Ma decouverte de Valparaiso s’est poursuivie les deux jours suivants mon dernier message. Comme deja evoque precedemment, j’ai developpe un interet certain pour la vie de ce bon vieux monsieur Neruda, et il m’etait moralement impossible de quitter la region sans me rendre a Isla Negra, au Sud de Valpa et ou l’illustre homme possedait sa derniere maison, la plus complete et surtout intacte, les troupes de monsieur Pinochet ne l’ayant pas mise a sac apres sa prise de pouvoir. Le site est enchanteur, au bord de la mer et d’une minuscule plage ou de gigantesques vagues viennent se fracasser sur les rochers la bordant. Le Pacifique n’est pas si gentil que ca a Isla Negra.
Pour parfaire ma visite de Valparaiso, je decide donc de prolonger mon sejour d’une journee. Le ciel est clement, et j’aurai la chance de pouvoir me balader jusqu’a plus soif dans les inombrables ruelles qu’elle compte. Au passage, je croise par hasard Benoit, un francais rencontre a Ushuaia un mois plus tot et qui sort de chez lui au moment ou je sors de mon ascenseur (que voulez vous, faut les faire fonctionner ces braves, et c’est tellement moins ereintant que d’affronter les rues style San Francisco de l’endroit). Avant de reprendre mon metro pour Vina del Mar, passage oblige chez Pablo pour lui dire au revoir, et a 23h30, j’entame mon trajet qui me conduira a La Serena.
Fraichement debarque a 6h du matin, je me mets en quete d’un logement. De bien entendu, a cette heure relativement matinale, tout est ferme. Je fais donc un rapide tour en taxi pour rien, avant de decider de me poser au terminal des bus et d’attendre une heure un peu plus raisonnable. A 7h30, j’evite le taxi et remonte l’avenue, direction mon auberge. Le taxi aura au moins eu le merite de me donner une idee d’ou se trouvaient les coins interessants et 10 minutes plus tard, j’y suis. Pas de chambre disponible avant 11h00, j’ai dormi trois heures dans le bus, et mes paupieres sont soumises a une gravite telle qu’il devient complique pour le frele etre que je suis de rester eveille. Et pourtant, j’ai interet !
Avant de quitter Vina del Mar, et apres avoir lu mon guide sur ce qu’il etait possible d’y faire, j’avais envoye un mail a l’Observatoire Astronomique du Cerro Tololo. Le personnel y organise une visite gratuite tous les samedis. Seules conditions requises : etre motorise et s’y prendre longtemps a l’avance, le nombre de places etant limite. Au moment ou j’envoie mon mail, je ne reunis aucune de ces conditions, et je me dis que mes chances sont maigres… A ma grande surprise, vendredi soir et avant de grimper dans mon bus, je recois un mail me confirmant ma reservation et m’expliquant comment me rendre a la porte principale, ou me sera remise une autorisation en bonne et due forme. Il ne me reste plus qu’a trouver un moyen de locomotion pour parcourir les 55 kilometres avant l’entree du complexe et les 33 kilometres grimpant jusqu’au sommet, a plus de 2000 metres d’altitude.
Samedi matin donc, legerement embrume et en attente de ma chambre, je fais rapidement le tour des differentes options qui se presentent a moi. En gros, et pour parcourir plus de 85 km aller sans parler du retour, j’ai le choix entre un taxi et la location d’un vehicule. Je dois etre a 13h15 a l’entree, ma chambre sera libre a 11h00, j’aurai juste le temps de prendre une douche avant d’embarquer dans le moyen de locomotion choisi. Apres une rapide etude comparative des tarifs proposes, mon choix se portera finalement sur une splendide Yaris coupe a la location, pour la modique somme de 40 € les 24 heures, contre 50 € pour le taxi. Conduire a nouveau, etre libre de prolonge mon escapade dans la region sans contrainte, l’idee me plait.
J’arrive donc frais comme un gardon a 13h15 petantes au poste de garde. Controle d’identite, remise de l’autorisation, et les differents vehicules presents entament la montee vers l’observatoire en convoi. Route de terre, la prudence est de mise et 45 minutes plus tard, nous arrivons au pied des differentes coupoles. La visite dure deux heures, notre hote ouvre l’un des domes, fait pivoter le telescope sur son axe, et nous livre mille details sur l’exploration et les recherches effectuees a Tololo. On sent une reelle passion dans son discours, mais egalement un esprit de competition qui se manifeste par l’obsession de posseder le plus grand telescope (tellement masculin tout ca). Le plus imposant de Tololo fait 4 metres de diametre et fut le plus grand du monde jusqu’au jour ou un autre reseau de recherche en a fait construire un de 8 metres. Et depuis, c’est la surenchere : on parle d’en construire un de 30 metres (le TMT : Thirty Meters Telescope – ils ne se foulent pas pour trouver les noms) et l’ESO (European Space Observatory) reve d’en construire un de 100 metres, en s’inspirant des methodes de construction developpees par monsieur Eiffel en son temps. Autant vous dire que le 4 metres que j’ai en face de moi m’impressionne deja, alors 100…
Apres cette visite, direction un petit village situe non loin de la, pour reserver un tour nocturne dans un observatoire specialement concu pour les gentils touristes que nous sommes, et je fais un rapide passage dans la vallee d’Esqui, mondialement connue pour etre l’un des principaux centres de production de Pisco, cet alcool local dont j’ai raffole il fut un temps. A 20h30, rebellote, c’est en convoi que nous commencons l’ascension d’une colline, direction l’observatoire. Autant dire qu’avec l’obscurite et la poussiere, ce n’est pas vraiment une partie de plaisir, mais je m’amuse tout de meme, zappant sans cesse entre les differents postes de radio de Grispoils junior. La visite dure egalement deux heures. Au programme, moultes explications, vulgarisee a souhait et prodiguees par des amateurs astronomes que j’estiment excessivement competent. Pendant plusieurs dizaines de minutes, nous avons l’opportunite de poser mirette dans la lunette de deux telescopes, decouvrant ainsi clusters, planetes, constellations et nebuleuses. Autant vous dire que je suis ravi, et que cela complete parfaitement la visite theorique du debut d’apres midi.
Apres toutes ces emotions, je m’octroie un dimanche paisible ainsi qu’un petit cinema dans le complexe commercial flambant neuf de l’endroit. Au programme « No Country For Old Men » dont j’ai malheureusement rate le monologue de fin de Tommy Lee Jones suite a une incroyable quinte de toux. A 19h30, je me dirige vers le terminal, direction Calama, etape obligatoire precedant mon etablissement a San Pedro de Atacama. Le trajet s’avere plus long que prevu, relativement peu confortable, et c’est finalement apres 21 heures de voyage que je prends possession de mon nouveau chez moi.
San Pedro est touristique, il n’y a rien a dire. Mais les rues poussiereuses, etroites, bordees de maisons sans etages lui donnent un cachet irresistible.
Dans le meme ordre d’idee que la visite de l’observatoire de Tololo, je me suis egalement mis en tete de visiter la mine de Chuquicamata, sise a 16 kilometres de Calama et a une heure trente en bus+taxi de San Pedro. L’un des plus grands complexes a ciel ouvert du monde, on y produit du cuivre en quantite phenomenale. L’organisation de la visite s’avere un peu plus complexe, et je ne recois mon autorisation qu’au moment ou je suis deja a San Pedro. Qu’a cela ne tienne, mardi matin, je fonce au bureau de ventes de la compagnie de car (pas de terminal a San Pedro), saute dans le premier bus, affrete un collectivo et a 9h30 tapantes, je suis a l’entree de la mine.
Il y a de cela quelques mois, Chuquicamata etait encore un petit village en bordure du complexe minier ou vivaient pas moins de 10.000 personnes. Mais suite a des raisons ecologiques et de sante publique, toute la communaute a ete demenagee a Calama. Les emissions de souffre necessaire au traitement du cuivre, la poussiere generee par les camions et les operations de forage, tout cela a pousser Codelco (entreprise appartenant a 100% a l’etat chilien) a delocaliser tout ce petit monde. La visite est excessivement interessante. 3 heures ou notre guide nous donne toutes les informations possibles et imaginables sur ce business plus que rentable. Le tour est organise par Codelco, et on sent une petite pointe de propagande dans le tout. Et maintenant, accrochez vous, la partie chiffre commence vraiment. L’ensemble du complexe genere 11.000 US dollars de profit par minute. Le cours normal du cuivre devrait tourner entre 0.6 et 0.7 dollars la livre, mais suite a la demande chinoise et indienne, les cours s’envolent et tournent aujourd’hui a plus de 3.90 dollars ! La mine que j’ai pu apercevoirm Radomiro Tomic, et qui n’est pas la plus grande, emploie 650 personnes et produit 300.000 tonnes de cuivre par an. Chuquicamata, la plus grande, emploie quant a elle 7500 personnes et ne produit que 600.000 tonnes (plus ancienne, elle necessite plus de monde). Chaque camion coute 3,2 millions de dollars et peut transporter entre 300 et 360 tonnes de roches. En sachant qu’une tonne contient generalement 5kg de cuivre exploitable, une benne en contient 150 kg ! En gros, c’est plusieurs milliards de dollars que le Chili gagne en exploitant ces mines.
Apres cette visite, j’enchaine ce mercredi avec une visite du champ de geyse de El Tatio. Debout a trois heures trente du matin pour pouvoir assister au lever du soleil sur le champ, le spectacle est impressionnant. Pas d' »eruption », beaucoup de vapeur, nous pouvons deambuler autour des differents orifices de sorties, en gardant bien en tete que la temperature de l’eau avoisine les 85 degres, et qu’il serait malvenu de se prendre une douche par inadvertance. L’apres-midi, echainement avec une poussee plus approfondie dans le desert a proprement parle. Vallee de la mort locale, Salar, et Vallee de la Lune, en deux jours, je me serai empiffre de desert et de paysages a couper le souffle.
Demain et jusque samedi apres-midi, je vais gouter au cote Bolivien de la chose. 3 jours en jeep, une nuit en refuge a 4500 metres d’altitude, une autre dans un hotel de sel, le tout pour rejoindre Uyuni et ses lacs de sel. Normalement, je devrais passer une petite dizaine de jours en Bolivie avant de redescendre sur le Nord de l’Argentine. Ca peut paraitre con, mais le temps passe vite, beaucoup trop vite, et le Chili a quelque peu monopolise les deux premiers mois de ce voyage…
A bientot donc, du cote bolivien de la frontiere !
PS : la redaction de ce post s’est faite dans une urgence totale. Lenteur du clavier, upload des photos excessivement complexe (ne me demandez pas pourquoi), et fermeture imminente du cybercafe… Pas eu le temps de le relire, donc excusez mon francais si pas toujours tres bon et si orthographe parfois douteuse…