Ca y est ! Je l’ai eue cette petite boule du retour. Celle qui vous fait comprendre et réaliser que vous êtes bien là, assis dans l’avion qui vient de decoller. La sournoise qui vous dit « Fini, over, tu rentres ».
Une chose est sure : ces trois mois resteront indélébilement gravés dans ma mémoire. L’une des plus belles expériences qu’il m’a été donné de vivre jusqu’à présent (restons optimistes, il y en aura d’autres).
Je mentirais en disant que je n’ai pas quelque peu appréhendé mon départ en février. Les premières minutes après avoir franchi la douane belge m’ont trouvé hésitant, confus. Comme au retour, la même boule mais qui cette fois vous susurre « Mais qu’est-ce que tu fous ». On laisse derrière soi les gens qu’on aime, ceux qui vous font progresser pour tenter l’aventure seul et loin. Heureusement, celle là ne reste pas bien longtemps et le voyage et ses perpectives reprennent vite le dessus.
Le ressenti après ces trois mois reste difficile à exprimer. L’alternance entre des périodes de solitude et de contacts sociaux prolongés m’a semblé plus que bénéfique. La solitude ne m’a jamais réellement dérangé (l’avantage d’être fils unique) mais la compagnie d’autres voyageurs s’est parfois révélée indispensable pour garder un mental de winner. Etre seul, dans sa chambre ou dans un bus, est quelque chose que j’ai apprécié. Cette sensation retrouvée de pouvoir cogiter, de laisser son esprit vagabonder dans toutes les directions sans pression ni contrainte procure une sensation de liberté enivrante. Liberté de penser ou pas, de méditer ou de contempler, un luxe que je ne m’étais que rarement octroyé auparavant (non, je ne compte pas devenir moine ou me retirer dans un ermitage quelconque). Et force est de constater que cela m’a fait un bien fou !
J’étais parti sans réels objectifs si ce n’était celui de voyager et de découvrir des pays qui m’attiraient depuis longtemps. Certains partent parce qu’ils veulent trouver un sens à leur vie, des réponses à des questions existentielles qu’ils se posent depuis longtemps. J’avais fait le choix de laisser tout cela derrière moi, pas de considérations en tête afin de ne pas m’imposer une obligation de résultat à l’issue de ces mois. Au final, j’ai l’impression que, consciemment ou inconsciemment, certaines choses sont venues d’elle-mêmes, avec ou sans reponses…
Plus que lors de tous mes précédents séjours, ces 3 mois m’ont également permis de nouer de nombreux contacts avec d’autres voyageurs. De Raul, Amandine, Judith en passant par Olaf, Jerome et Aaron, j’espère réussir à garder le contact. Profils et cultures différents mais spontanéité et sincérité des échanges. Que ce soit le temps d’une soirée ou d’une semaine, les moments partagés le sont loin des préoccupations habituelles de notre quotidien, les rendant uniques et intenses.
Outre tout cela et pour éviter de tomber dans un égo-mélodramatisme tant flamboyant que larmoyant, partageons quelques enseignements tirés de ces trois mois :
– Ne jamais au grand jamais écouter 21 fois de suite An End Has A Start des Editors lors d’un bref moment de blues à Ushuaia. Ca n’aide vraiment pas ;
– Dans la même veine, éviter la chanson Ironic d’Alanis au décollage de votre Boeing 777-300, ou alors en zappant l’histoire du petit vieux qui prend l’avion pour la première fois. Ce dernier se crashe… Ironique ? ;
– Ne jamais sous estimer l’absence de puissance des chasses d’eau chiliennes et l’étroitesse du coude d’évacuation ! En sus, toujours vérifier que la chasse d’eau fonctionne avant de vous installer. Sans commentaires supplémentaires, les plus scatos d’entre vous pourront disposer de détails complémentaires sur simple demande et après quelques Triple Karmeliet ;
– Changer de chaussettes après deux semaines. Passé ce délai, l’odeur devient carrément insupportable et leur retrait ressemble à une épilation à la cire ;
– Ne jamais regarder les émissions suivantes : The Fist Of Zen (rien de porno, je vous rassure, juste de la connerie à l’état pur), The Girls of the Playboy Mansion (idem, en comparaison, Des chiffres et des lettres représentent un comble de l’érotisme), QE, Child Star Confidential, Keeping Up With The Kardishians, Exposed,… La chaîne câblée Tinovelas est à proscrire par dessus tout… ;
– Ne jamais tout miser sur un McDo à l’approche d’une grande ville. Au plus on cherche, au moins on le trouve… ;
– Subséquemment, la mousse au chocolat ne doit pas devenir une obsession lorsque vous cherchez un endroit pour vous sustenter. Si vous deviez en arriver à un tel point de détresse, la première forme de traitement consiste à arrêter de feuilleter le menu en commençant par la section dessert ;
– Le corps humain est ainsi fait qu’il est tout bonnement impossible de faire une overdose de pizzas et de Yogs… ;
– Quand vous achetez un billet d’avion, n’oubliez pas de regarder le retour. Le prix est important, mais les 11 heures d’escale à DC risquent de vous valoir quelques séances de thérapies au retour. Un aéroport américain, c’est sympa un moment, en sortir, c’est mieux !
Comme vous le constaterez, ça a carburé sec pendant 90 jours et en suivant ces quelques recommandations, votre vie sera encore plus belle !
Allez sur ce, ça y est, il est rentré !!! On se voit fin de la semaine pour certain(e)s, et le plus tôt possible pour les autres !!!