Etre tenancier ou responsable de la gestion quotidienne d’une auberge n’est pas toujours une sinecure… Depuis le debut de mes peregrinations, j’ai eu l’occasion d’en rencontrer une bonne vingtaine, me confrontant ainsi a des caracteres et des comportements souvent differents.
Petit voyage au coeur de ces profils :
– L’enthousiaste interesse : le sourire aux levres, hyperkinetique, toujours en mouvement. Quoique vous fassiez, ou que vous alliez, son aura plane autour de vous. Il a reponse a tout, connait tous les plans pour vous divertir dans les environs immediats de son auberge. En regle generale, votre divertissement implique une transaction financiere en sa faveur, majoree de sa commission. Habituellement vetu d’un gilet de marque, pantalon en toile et mocassins assortis.
– Le paranoiaque traumatise : les murs de son auberge sont recouverts de panneaux en tout genre. En prendre connaissance implique la mobilisation de toutes vos facultes, et peut egalement vous amener a ameliorer vos connaissances linguistiques. Les langues les plus courantes sont l’espagnol, l’anglais et l’hebreu. Les sujets les plus souvent abordes tournent autour de l’interdiction d’installer quoique ce soit sur les ordinateurs, l’obligation de faire sa vaisselle apres l’utilisation de la cuisine, et le jet de papier hygienique dans la corbeille sise a cote du trone… Rejoint souvent l’enthousiaste interesse…
– Le saisonnier tombeur : jeune, souvent de nationalite americaine, il regne en maitre sur son domaine. Le sourire charmeur, 20 ans mais trois tours du monde a son actif, il fait fureur aupres de ses compatriotes de sexe feminin. Comme les coiffeurs, il possede un avis sur tous les sujets, est generalement un fervent opposant de Georges Bush, et tente de convaincre toute sa basse-cour de l’accompagner en boite ou au Karaoke local. Look Che Guevera de rigueur.
– Le rebelle capitaliste : le tourisme et l’accueil de vacanciers lui permettent de financer sa passion et son amour pour la region dans laquelle se trouve son auberge. Le touriste l’emmerde, mais c’est un mal necessaire, il faut faire avec. Sa langue se delie generalement apres le cinquieme verre de Pisco Sour on the rocks, et tout le monde en prend pour son grade.
– Le detendu du slip affable : il vous fait passer un moment des plus agreables au sein de son auberge. Tranquille, de bonne compagnie, sa gentillesse et disponibilite vous donnent envie de prolonger votre sejour. Point besoin de consommer. Adepte des longues discussions de fin de soiree, il aime partager ses points de vue et decouvrir les votres. Il retient votre prenom, vous invite a boire un verre, et demarre le feu de camp la guitare sous le bras.
– le couple-enfant-en-bas-age : tient la maisonnee avec rigueur et fermete, avec le zeste de bonhommie familiale qui convient a l’endroit. Discret mais efficace, il donne le sentiment de se sentir chez soi. Liberte totale tant que l’on n’ecrase pas le chiot ne en meme temps que leur progeniture.
– le surpris endormi : vous ouvre la porte et manque de faire une crise cardiaque lorsqu’il decouvre quatre touristes en quete d’un lieu pour dormir. « Deux chambres ? Vous etes sur ? C’est que je ne vous attendais pas moi… Et mon auberge est vide… Je ne sais pas si je vais pouvoir… Combien de temps ? Une nuit ? Heeeuuuu… ». L’air surpris ne disparait que longtemps apres votre inscription dans son registre. C’est generalement chez lui qu’on revient trempe par une bonne drache et qu’on inonde son couloir « Ah ! Il pleut ? ». Echanges limites.
– La Mama spittante : vous fait la fete quand vous arrivez, comme lorsque Medor sent que c’est bientot l’heure de son Canigou. Ca bondit, ca saute en tout sens, ca vous attend a la sortie du bus. Tout est fait pour vous mettre a l’aise. Tour des habitations, des commodites, planification de votre sejour jusque dans les moindres details, le tout sourire aux levres. Contrairement a l’hyperkinetique enthousiaste, elle n’hesitera pas a vous donner de bons filons gratuits. Generalement de corpulence forte avec une propension averee pour le rire social, s’exprimant pour tout et n’importe quoi.
– La Mama Mossad : dirige seule son etablissement. La main de fer dans un gant de velour. Elle repond toujours par la negative a toutes les question ou vous esperez un oui, et n’hesite pas a vous intimer l’ordre de vous taire lorsque vous demandez le prix de votre chambre devant d’autres touristes. Adepte du langage des signes, secrete et omnipresente, elle inspire le respect. Vous ne connaissez le montant de votre sejour qu’au moment de partir, et encore, elle semble encore y reflechir apres avoir receptionne votre obole. Comportement discret et sagesse indispensable.
– Le veteran autoritaire : a tout vu et tout entendu. Chez lui, on marche au pas, et pas question de picoler dans la salle commune. Ton sec, gestes assures, il entretient un minimum de contact. Les phrases les plus courantes sont « Combien de nuits ? » – « Tu pars quand ? » – « Tu peux me payer maintenant ? ». Son environnement est majoritairement compose de marins et d’ouvriers, et je rentre quatre fois dans les manches de son T-Shirt. Tatouage de Popeye sur le triceps optionnel.
– Le permissif nonchalant : chez lui, c’est chez vous. Des panneaux vous interdisent de fumer dans les chambres et a la reception, il vous fournit le cendrier en s’allumant lui meme un cigare. Son endroit semble dater d’une autre epoque, et le passage frequent de couples payant un tarif horaire ne semble pas le deranger plus qu’autre chose…
1 commentaire
hi, hi!! J-F, merci pour ces infos, c’est trop rigolo!
(et très intéressant! dernièrement, ton blog a détrôné le roman qui me suit normalement partout!) — j’aurais dû venir, on aurait bien rigolé!…
j’espère que tu vas bien!! grosses bises et bonne route!