Dieu du ciel ! Une semaine que je n’etais pas venu alimenter ce blog. Apres un mois, on sent deja transparaitre un certain laisser-aller !
Comme explique precedemment, c’est via Puerto Williams que j’ai fait mon entree au Chili. Mon amour pour l’endroit n’a fait que se confirmer tout au long de mon sejour. Le jeudi, petite journee tranquille, passee principalement a lire Lunar Park, l’un des derniers Bret Easton Ellis et qui m’a totalement scotche. Impossible de decrocher, il fallait que je le termine, meme si la fin est quelque peu tarabiscotee.
Et tant qu’a faire une petite parenthese sur les bouquins qui m’accompagnent pendant ce sejour, me voila dans le pate, ils sont tous finis. Plus rien a lire si ce n’est mes Lonely, et les auberges pratiquant l’echange de livres ne sont pas legion. Reste donc a tenter de soudoyer d’autres voyageurs ayant des lectures similaires aux miennes. Je creuse… L’un des livres qui m’a le plus marque est sans aucun doute Extremement Fort et Incroyablement Pres de Jonathan Safran Foer. A lire, vraiment. L’histoire est drole, emouvante et si vous avez envie de suivre Oskar dans ses peripeties, jetez vous sur ce livre…
Vendredi, et pour bien profiter de ma derniere journee a Puerto Williams, j’entreprends l’ascension du Cerro Bandera. A une heure du centre, il culmine a 600 metres, et donne une vue spectaculaire sur le canal de Beagle et sur les Dents de Navarino, la chaine de montagne situee sur l’ile. Une bonne petite balade d’une demi journee a travers la foret qui le recouvre quasiment entierement, jusqu’au sommet, ou on debarque sur une vaste etendue rocailleuse ou seuls quelques petits arbustes subsistent. Le drapeau chilien flotte grace au vent qui se dechaine, le ciel est couvert et menacant. Seul, je developpe une legere phobie face a cette immensite et aux elements qui peuvent s’y dechainer. Etrange impression, qui accroit le sentiment de satisfaction procure par le fait d’etre monte « si » haut pour profiter de la vue (en rentrant, j’attaque le Signal de Botrange !!!).
A Puerto Williams, on trouve quelques petits restaurants fort sympathiques. Apres cette journee legerement physique, je me dirige vers une petite pizzeria, ou je retrouve Andrea, un italien logeant dans mon auberge. Attable avec un couple chilien en vacances, ils viennent de commander des pizzas Centolla (recouvertes de King Crabs locaux). Je me joins a eux apres avoir pris soin de commander une Familial (j’ai tres tres faim) et nous passons la soiree a converser dans un espagnol approximatif. La veille, j’avais teste la cantine locale qu’est le restaurant situe sur la place principale du « centre commercial ». Pas de cartes, juste le menu du jour. Je fais confiance a la mama, et recois une delicieuse soupe de legumes-poulet suivie de frites surmontees d’un oeuf sur le plat. Charme par le service et l’audace culinaire du chef, j’y retourne le soir, pour profiter d’une nouvelle soupe de legumes (differente du midi, le poulet est remplace par de la viande, la mama insiste) et d’un filet de poulet servi avec son riz-guacamole. Simple mais delicieux ! Les hommes du village assistent a un match de football entre une equipe chilienne et une equipe venezuelienne, les cadavres de bouteilles d’1L de biere couvrent les tables et c’est l’euphorie generale quand le Chili marque un goal…
Samedi, direction l’aerodrome local pour prendre un avion un peu plus grand que le precedent. Direction Punta Arenas, la derniere grande agglomeration au sud de la Patagonie. Vol sans encombres dans un vieux coucou ou la proximite est de rigueur. En milieu d’apres midi, je prends mes quartiers dans une auberge relativement rustique mais confortable, ou pas loin de 25 lits se partagent deux pieces en enfilade separees par de maigres rideaux. Le centre-ville est plutot beau, compose d’anciens batiments et d’une belle place ombragee. Je fais mon shopping d’activites, reserve mon prochain bus, et file me coucher.
Dimanche, je passe la matinee a me promener dans les rues entourant la plaza de Armas. Rapide passage au supermarche, je vais m’installer sur un banc face a la statue de Magellan qui trone en son centre. L’occasion d’observer tous les « Boat People » qui paient une fortune pour leur croisiere et qui, quand ils ont l’occasion de poser le pied sur le continent, s’empressent de monter dans un bus pour parcourir 700 metres, faire un rapide tour des etals ou on leur propose casquettes, pingouin en peluche et autres ponchos colores, avant de vite remonter dans le car et de rejoindre leur navire… Ma digestion terminee (les Boat People me fascinent, je reste un long moment a les observer), direction le Mirador, ou la vue sur la ville est surprenante et chargee de couleurs. Le temps de rejoindre mon auberge et j’embarque dans un mini-van, direction les pingouins de Seno Oatway. Une heure de route, et une magnifique reserve ou les pingouins deambulent entre les pontons de bois amenages pour les intrus que nous sommes. L’excursion coute a peine plus qu’une nuit a l’auberge, et je suis surpris par la qualite du produit. Une tres chouette maniere de terminer la journee, et de revoir mes amis alcides…
Lundi, je prends la route pour Puerto Natales, a 5h plus au Nord. Le point de depart de deux grands parcs : Torres del Paine et Bernardo O’Higgins. Je rejoins l’auberge que Benoit, un francais rencontre a Ushuaia, m’a conseille. L’accueil est exceptionnel, l’ambiance tranquille, j’adore. Comme d’habitude, je passe une bonne partie de l’apres-midi a analyser les differentes possibilites qui nous sont donnees pour visiter les alentours. Mon choix se porte sur une « croisiere » d’une journee dans le Parc O’Higgins, et sur un rapide tour de Torres Del Paine. Il est possible d’y effectuer un trek de 5 jours, mais pour des raisons dorsales, je prefere me la jouer tranquille…
En passant rapidement sur internet, je commence egalement a regarder comment il me serait possible de rejoindre l’Ile de Paques sans devoir depenser une fortune. Le constat est alarmant : rien que l’avion coute entre 1000 et 1500 US dollars, et les frequences de vols permettent soit de tres courts sejours (il est possible de payer 1400 US dollars et de faire l’aller-retour le meme jour !) soit des sejours d’une semaine… Je me dis qu’a ce prix la, ca vaut la peine de dormir un peu dessus. En fin d’apres-midi, je repasse rapidement sur le site de la LAN, pour voir si les prix ont evolue et s’il devient urgent de reserver (comme si en une journee, tout basculait…). Je chipote pendant pres de deux heures, surfant a gauche et a droite, et surtout plus en profondeur sur le site de la LAN. Et la, miracle. Je trouve un prix a trois chiffres. Mon coeur commence a battre plus rapidement. S’il faisait plus chaud, je serais en nage. Je bats du pieds, me frotte les yeux, retire mes lunettes et colle mon nez sur l’ecran pour etre sur que je ne reve pas. De 1404 Us dollars, je passe a 629. Une date aller, une date retour. Pas de flexibilite, c’est le seul choix possible. Je pense n’avoir jamais aussi vite degaine ma VISA. Cinq minutes plus tard, je recevais mon mail de confirmation. L’auberge suit directement, et pour 500 euros, je m’offre une semaine avec les Moais, du 23 au 30 mars. Je passerai le Dimanche et le Lundi de Paques sur l’ile de Paques. Ils ont interet a avoir prevu des oeufs en quantite suffisante, car je compte bien faire une razzia !
Mardi, reveil tres matinal, direction le port de Puerto Natales. J’embarque sur un bon vieux bateau, et nous entamons notre croisiere. Apres 3h30 de navigation, le glacier de Balmaceda emerge des nuages.
Lors de mes quelques conversations avec les taximens-proprio d’auberges-locaux rencontres-au-hasard-d’un-repas, j’ai souvent evoque avec eux le probleme du rechauffement climatique. Dans toute la partie Sud de la Patagonie, je suis surpris par la maniere dont je « ressens » le soleil. Piquant, agressif, aveuglant. A Puerto Williams et Punta Arenas, de nombreux panneaux indiquent le niveau des UV pour la journee et recommandent a la population de porter lunettes de soleil et creme protectrice en permanence. Depuis quelques annees, les hivers se font de plus en plus doux. La ou 20 ans auparavant, 60 centimetres de neige recouvraient les rues de Punta Arenas, c’est a peine si 5 centimetres tiennent deux jours ces dernieres annees. Le glacier Balmaceda arrivait au niveau de la mer il y a 15 ans. Aujourd’hui, on peut deja constater comme il a fondu. A Puerto Williams, de -20 degres en hiver, on en a -10 maintenant. Et selon les meteorologues, un changement de 6 degres suffiraient a provoquer l’inondation d’une bonne partie des terres emergees… En Patagonie du Sud, la population est reellement confrontee au probleme climatique, et les autorites commencent seulement a prendre des mesures, en mettant un accent plus fort sur le recyclage notamment.
Apres le Balmaceda, nous avons l’occasion de descendre du bateau et de marcher a la rencontre du Serrano. Des morceaux de glace flottent dans la lagune, comme de gros glacons. Au loin, on entend le glacier gemir. Dans ce qui pourrait paraitre un roulement de tonnerre, une mini-avalanche est en train de se produire. Nous aurons l’occasion d’entendre ce grondement a de maintes reprises durant notre marche. Malgre le temps nuageux, ce petit tour en bateau valait la peine.
Mercredi, rebelotte, je me leve avant le soleil. Cette fois, c’est Torres Del Paine et la Cave du Milodon qui sont au programme. Premier stop dans une caverne ou les restes d’un Milodon furent retrouves il y a quelques temps. La bestiole, morte il y a plus de 10.000 ans, faisait 3 bons metres de haut. L’acces a la caverne etait bloque par un glacier, mais au fil des annees, le vent et l’eau ont fait leur oeuvre, creusant la roche… La journee se passe entre les differents miradors du parc, ou les vues sur les Tours sont toutes plus belles les unes que les autres. Independants de la Cordillere des Andes, ces monts de granit se dressent fierement vers le ciel, entoures de lacs a l’eau turquoise et du glacier Grey. Les paysages pour s’y rendre sont magnifiques et nous apercevons autruches, lamas, condors, renards,… La Patagonie chilienne est de loin plus belle que sa voisine Argentine !
Jeudi, c’est conge. Pepere, les doigts de pieds en eventail, je me la coule douce. Demain vendredi, depart pour El Calafate et son glacier Perito Moreno. De retour en Argentine pour quelques jours…
J. aka el Sunblocker