Debarque mardi matin a Puerto Madryn a l’aube, je prends vite possession de mon nouveau logis. Au programme, un dortoir pour 6 personnes situes dans une auberge toute neuve. Les dortoirs sont repartis autour d’une belle petite pelouse agrementee de transats et d’un hamac, il ne m’en faut pas plus pour me dire que j’ai fait le bon choix. Niveau colocataires (je ne le decouvrirai qu’apres ma sieste post-nuit-danslbus), je le partage avec trois allemandes et deux anglophones. Entoures de demoiselles donc, la galanterie devra etre de mise, tout comme les bonnes manieres !
Remis de mes emotions (je parle du trajet en bus !), je me dirige vers le centre et sa « digue » afin de decouvrir ma premiere plage argentine. 28 degres, plein soleil, elle est couverte de locaux, eux-memes en conges. Rien d’exceptionnel cependant, Puerto Madryn semble etre une station balneaire classique, possedant son casino et ou les porteños aiment bien venir se prelasser. L’ambiance y est detendue et me rappelle nos stations chicos de la cote belge (les grosses bagnoles en moins). Apres un leger moment de reflexion, je me decide a louer un VTT a mon auberge, et a partir faire un tour dans les environs.
Avant de prendre la route, je prends bien soin d’ingurgiter 250 grammes de glaces a l’ombre d’un parasol en sirotant un jus de pomme. Ma derniere experience cycliste m’ayant laisse un leger traumatisme, autant prendre ses precautions et ne pas partir le ventre vide. Ceci etant fait, direction Punta Lomo, ou une colonie d’elephant de mer a elu domicile. A 17 km du centre, il me faut emprunter une route de terre parsemee de graviers, vallonee et sinueuse a souhait. Je comprends l’empressement de mon loueur de me filer des rustines et une trousse de materiel digne de Touring Secours… Sur cette bande de terre, la progression se fait en plein soleil, et les automobilistes me depassant a vive allure contribuent a me rendre gris de poussiere. Apres une bonne heure, j’arrive a l’entree de la reserve. Comble de malchance, suite a une maree de fonds, il n’y a que 6 bestioles sur la plage. Qu’a cela ne tienne, je n’ai pas traverse le desert pour rien, et je decide de quand meme monter jusqu’au mirador.
Durant toute la duree de mon pedalage intensif pour m’y rendre, et lorsque je jetais un coup d’oeil dans mon retroviseur arriere pour m’assurer qu’une manoeuvre d’evitement de rocher ne risquait pas de me propulser sous le pare buffle d’un 4×4, j’avais pu constater que le temps se couvrait fortement sur Puerto Madryn, et pouvais meme distinguer les ondees qui semblait l’arroser. Fort de cette constatation, j’avais decide de tenter ma chance jusqu’au bout, ne pouvant me resigner a rebrousser chemin avant de me faire doucher. Resultat, a peine avais je franchi l’entree de la reserve que je me faisais copieusement arroser comme un malpropre (terme qui, au vu de la poussiere dont j’etais recouvert, est parfaitement adequat).
J’avise alors un splendide Range Rover, trois touristes et la doublure de Rambo (pour tout ce qui concerne les biceps-triceps-quadriceps-cortex). Le genre de gars passionne de peche, qui a deja probablement tue un orque a main nue, et dont on pourrait retrouver la photo sur les murs d’un bar de cambrousse, brandissant fierement une truite de 50 kg. Deux phrases plus tard, mon VTT se retrouvait sur le toit de son vehicule, et nous repartions vers Puerto Madryn. L’ondee se calmant, je lui demande de me deposer a l’entree de la ville, ou se trouve l’Ecocentro, un magnifique musee relatif aux mers profondes, et qui explique ce qui vaut a Puerto Madryn et a la Peninsule de Valdez de posseder un ecosysteme aussi riche. Au gre des saisons, on peut y observer baleines, orques, cormorans, elephants de mer, pingouins,… J’y apprendrai, et cela me fascine toujours, qu’un albatros peut voler 1000 km sans se poser sur le sol (ce qui n’est pas un mal, vu leur capacite a aterrir lamentablement – souvenons nous de Bernard et Bianca), et que les mamans elephants de mer peuvent plonger jusqu’a 1500m pour trouver de la nourriture, restant ainsi pret de 90 minutes sous l’eau… Dingue ! J’ai rarement vu un musee de cette « categorie » aussi didactique, qui plus est dans un cadre aussi enchanteur.
Fort de tout cela, je me decide a ramener mon VTT a l’auberge, apres une balade de 30 km (oui oui, pas d’illusion d’optique, vous avez bien lu un 3 et un 0). Mon dos, mes cuisses, mes mollets, mes poignets, tous me detestent royalement et me le font bien sentir. Meme mon petit orteil droit semble faire des siennes, probablement par solidarite avec le reste de mon corps. Quoiqu’il en soit, la Foret de Soignes n’est plus qu’un mauvais souvenir, The Crevette Strikes Back !!! Je passe vite sous la douche en esperant ne pas boucher les canalisations, et me dis qu’apres cette journee, il serait peut etre temps que je passe au T-Shirt Nº2…
La fin de la soiree se passera dans le jardin de l’auberge, a deviser gaiement avec les allemandes de mon dortoir, deux israeliens revenus du front et un argentin en vacances dans le coin. Au cours de ma derniere discussion avec Nicolas, l’Argentin, j’apprendrai que la Stella Artois que l’on trouve partout ici est produite directement en Argentine par la societe qui detient 90% du marche (Quilmes) et qu’il est meme possible de trouver de la Leffe au supermarche du coin (faut dire que Nicolas avait bien adhere a la Leffe le soir meme, et que le sujet de la biere lui semblait intarrissable).
Ce mercredi : detente. Je passe une bonne partie de la journee a bouquiner dans le jardin, avant de faire un tour en ville afin de determiner quelle agence aura mes faveur pour partir visiter la peninsule de Valdez ce jeudi. En meme temps, je prends mon billet de bus pour vendredi, direction Comodoro de Rivadavia, ou j’espere pouvoir trouver une correspondance pour Sarmiento, un bled totalement paume mais qui m’attire assez… Pour y aller, j’effectuerai mon premier trajet de jour, afin de pouvoir pleinement profiter des paysages…
Sur ce, direction le supermercado pour y denicher une Leffe, avant de rejoindre mon lit superpose…
Chau !
J. aka el Orca