Jeudi, reveil aux aurores, direction la Peninsula Valdez et son parc national, situe a 100 km au Nord de Puerto Madryn. Un minibus vient me prendre a l’hotel a 8h30 petantes (ma conception du reveil aux aurores…), et apres un bref ramassage dans differents hotels de la ville, nous entamons le trajet.
Le groupe est compose majoritairement d’italien, notre guide est parfaite bilingue espagnol-italien, et Bruno, un ado en vacances, s’occupe de faire la traduction pour les 3 anglophones presents dans le van (en l’occurence, un new-yorkais voyageant avec une chinoise, et moi). Durant tout le trajet precedent notre entree dans le parc, nous aurons droit a de nombreux details sur la ville de Puerto Madryn, ses industries, son developpement,… Ainsi, en l’espace de 20 ans, sa population est passee de 10.000 habitants a 70.000. A cause du tourisme ? Que nenni ! Le tourisme n’arrive qu’en 4eme position, apres la production d’aluminium, l’extraction de porphyre et la peche. Pas du tout ce a quoi on pourrait s’attendre tant la ville a des airs plus que touristiques. Le reste du temps, je converse gaiement avec David the American, activiste anti-pollution, travaillant dans le social au coeur de Manhattan, detestant Bush et spectateur aux premieres loges lors des attentats du 11 septembre, son bureau etant a deux rues de Ground Zero…
Une fois arrive dans la reserve, et apres une bonne heure et demie sur ces bonnes vieilles routes en terre que j’avais parcourues a velo deux jours avant, nous arrivons a la Punta Norte de la peninsule, refuge pour une colonie d’otaries. Groupees a differents endroits de la plage, elles se prelassent tranquillement au soleil. Au fil de la journee, nous aurons l’occasion de decouvrir lamas, elephants de mer, pingouins,… Sous un soleil de plomb, largement compense par un vent soufflant en rafale, les quelques instants passes au bord de leurs plages sont tres agreables. Les pingouins ont ma preference, et les regarder se dandiner maladroitement sur la plage avant de nager gracieusement dans l’eau est un plaisir… Un vieux moustachu de l’endroit m’expliquera que sur l’extremite Est de la peninsule vivent 30 personnes. Pas d’eau potable, et un vent qui souffle regulierement bien plus fort qu’aujourd’hui (en gros, bien au dessus des 100 km/h), la peninsule est consideree comme une steppe, le stade precedant la sierra, le desert…
De retour a l’auberge et apres l’ingestion d’une pizza bien meritee, je fais la rencontre de deux francais, avec qui j’irai manger une glace histoire de bien feter la Saint-Valentin, que les argentins semblent fortement apprecier ici-bas. Les argentins vivent tard, et il n’est pas rare de voir des enfants jouer dans les parcs bien apres minuit. Cela rend les soirees tres agreables, et il m’arrive souvent de ne manger qu’aux alentours de 22h, pour ne rentrer qu’a minuit. Les rues sont sures, les familles sont de sorties, et cela rend les soirees tres plaisantes !
Vendredi matin, re-reveil a l’aube. Cette fois-ci, direction le terminal des bus, afin d’embarquer dans celui qui me conduira a Comodoro Rivadavia, ou je devrais pouvoir prendre une correspondance pour le village de Sarmiento, a deux heures de route de la. Le bardas sur le dos, je parcourre le kilometre qui me separe du terminal, et y arrive bien a temps. Une fois dans le bus, films a gogo, plateau repas, et surtout, surtout, le BINGO !!! Avec la compagnie Andesmar, rien a dire, on se marre (jeu de mots pourri, j’en conviens, mais tention, un autre arrivera plus bas, dans la meme veine !). Alors que je sieste paisiblement, Pink Floyd dans les oreilles, le steward me reveille pour me tendre un cure dent en plastique et une mini grille de BINGO. Une fois toutes les regles expliquees au micro, c’etait parti, l’ensemble du bus retient son souffle et espere pouvoir gagner la bouteille de vin mise en jeu… Sceptique les 5 premieres minutes, je me suis vite pris au jeu, ma grille se perforant rapidement. Helas, mille fois helas, a 5 chiffres de la victoire, je fus devance par l’un des autres voyageurs, qui osa un timide Bingo quelques rangees derriere moi. Rien a dire, j’ai trouve cela tres bon esprit, et pense que je vais reprendre cette compagnie dans le futur…
Comodoro est la capitale du petrole de l’Argentine. Avant de penetrer dans la ville, on peut deja apercevoir les puits de forage, les pompes, les reservoirs,… Toute l’activite de la ville tourne autour de l’or noir. Ayant deux heures de battement avant mon bus pour Sarmiento, je depose armes et bagages a la consigne et m’en vais faire un rapide tour en ville. Grands hotels, casino, la ville attire surtout des hommes d’affaires venus jouer avec la production locale. Rien de bien excitant, et je suis plutot content quand mon bus demarre et prend la route de Sarmiento.
Pendant les deux heures que prendront le trajet, la route longera oleoducs, champs d’extractions, pompes,… Le paysage est semi desertique, et la voie que nous empruntons va jusqu’au Chili, la distance entre les deux cotes etant faible a cette hauteur et les routes facilement praticables. Comodoro essaie d’ailleurs de developper son infrastructure portuaire pour rivaliser avec le Canal de Panama, le transfert de marchandise d’une cote a l’autre et son re-embarquement du cote chilien pouvant devenir une solution alternative au franchissement du Canal.
Des l’entree dans le village de Sarmiento, le paysage change. Verdure, arbres, pelouses. Une oasis entre les champs de petrole, qui ne le restera malheureusement pas longtemps. Depuis janvier de cette annee, on a trouve des nappes de petroles tout autour de Sarmiento. De quoi produire 100 millions de barils, et ainsi presque doubler la capacite de production de la region. De moins de 5000 habitants en 2005 (date de mon guide), on est passe a 20.000 aujourd’hui, et le chiffre ne cesse d’augmenter. De nouvelles rues se creent, des lotissements apparaissent un peu partout. En allant manger hier soir dans un petit restaurant proche de mon hotel (pas d’auberge ici – et une bonne heure pour trouver un hotel aux prix democratiques), je fus invite a m’asseoir a la table d’un argentin qui mangeait une demi pizza en buvant 1L de Quilmes (question de priorite). Victor travaille dans le Campo de la ville, et selon lui, l’afflux de population cause par le petrole ne sera pas bon pour son village. Avis partage par la tenanciere bougonne de mon hotel, qui s’appelle pourtant l’hotel ISMAR (ca, c’est le deuxieme jeu de mots pourris annonce plus haut !). Comme souvent, l’etranger fait peur, et la crainte de voir la securite, le calme et l’ordre mis en danger par ceux que la ruee vers l’or noir fait accourrir predomine…
Ce samedi, et parce que Sarmiento n’est qu’a 30 km d’une reserve ou l’on peut voir des arbres petrifies, je saute dans un taxi pour m’y rendre. Pas d’agences proposant des excursions, pas de loueurs de voiture, pas de bus circulant de maniere reguliere. Pour bouger a Sarmiento, c’est le taxi. Apres une bonne demi-heure, j’arrive a l’entree du parc. N’ayant aucune idee de ce que j’allais y voir, j’hallucine completement une fois engage sur les chemins.
Il y a 70 millions d’annee, la reserve etait recouverte par une mer, des lacs, des marecages. Avec le temps, la durete du climat, le vent, tout cela a disparu, et il ne reste plus qu’un gigantesque paysage lunaire. Fossiles, troncs d’arbres fossilises, l’eau et le vent ont erode les rochers et les ont laisses couverts de sillons, de veines. Le froid de l’hiver a fait geler l’eau au sein des troncs, en faisant exploser une partie en echardes de pierres qui recouvrent presque l’entierete des chemins que les visiteurs peuvent parcourir. Seul durant ma visite, avec un vent soufflant de maniere continue et sous un ciel bien couvert, le sentiment est etrange, face une nature qui a quelques millions d’annees de plus que moi, et qui en a encore certainement quelques autres devant elle… On trouve un parc du meme style aux abords de Puerto Deseado, ma prochaine halte, et je pense serieusement aller y faire un tour, pas pour comparer, mais pour revoir ce type de decor… Le taxi m’aura coute un pont, mais ca en valait definitivement la peine !!!
Demain, passage express (je l’espere) par Comodoro, et je devrais retrouver la cote Atlantique dans le courant de la soiree, dans la ville de Puerto Deseado… Next !
J. aka el Bosque
Avant de cloturer definitivement, un peu d’antipub, car je ne desespere pas devoir de l’argent a quelqu’un en continuant a raconter mes inepties sur ce blog :
– Samsonite : je conchie, j’abhorre leurs ceintures-documents. Cette petite ceinture que je scotche sous mon bide a biere et qui contient dollars, euros, carte de credit, de debit, yens et pesos ! Cette ceinture que, si je le pouvais, j’agrafferais dans mes bourelets pour etre sur de ne pas la perdre… Deux annees de suite qu’apres quelques jours de voyages, ces chiottes de ceintures lachent, tout ca parce que Samsonite fait des economies en fixant l’elastique, soumis a tension comme tout elastique qui se respecte, a une piece de plastique aussi fine qu’une languette de string !!! Blaireaux va ! Enfin, me voila dorenavant equipe par Waterdog, made in China, et jusqu’a present, ca m’a l’air nickel !