Ce retour bruxellois aura cela de bon qu’il me permet de remettre à jour un blog qui, pendant un bon mois, n’a été que peu sollicité ! Le rythme du voyage et un certain besoin de détachement par rapport à une connectivité quasi permanente m’ont fait prendre certaines distances mais je ne résiste pas à l’envie de conter la suite et la fin de notre voyage… Rentré vendredi, je reprends tout doucement mes marques dans notre froide Belgique et ce dimanche au réveil plus que matinal me semble être le moment parfait pour revenir sur les 15 derniers jours.
Nous en étions donc à notre arrivée à Mompos et je terminais mon dernier post en parlant des merveilles culinaires que la Colombie réserve aux voyageurs de tous poils. Première remarque concernant ce petit village perdu entre deux rivières : on y mange mal. Il suffisait que je vous narre les prouesses gustatives de nos amis colombiens pour que nous expérimentions une cuisine classique, faite de poulet et de riz (nous ne parlerons pas des deux slices de pizzas au goût étrange et à la consistance douteuse ;o).
Mompos, qui fut autrefois une ville à l’activité trépidante, a perdu de sa frénésie et est aujourd’hui une charmante escale après l’agitation des villes de la côte Caraïbe ! Que ce soit au sein de notre auberge située au bord du Rio Magdalena ou dans les rues de son centre, il y règne une atmosphère toute tranquille. A la tombée du jour, les rockings chairs s’installent devant les portes des grandes demeures coloniales et les « Buenas Noches » résonnent à qui mieux mieux, au rythme des rencontres avec les autochtones. Notre séjour, initialement limité à deux nuits, en comportera finalement trois, tellement nous nous sentons biens dans cette bulle où le temps semble s’être arrêté. Outre les balades en ville, la visite du cimetière et le squattage de la piscine d’un hôtel, il n’y a pas mille choses à faire à Mompos et c’est bien là tout le charme de l’endroit !
Une fois la page de Mompos tournée, il est temps de rejoindre Cartagena pour y passer une ultime journée avant d’entamer notre descente vers le centre du pays. Comme à l’aller, le trajet entre les deux villes prend du temps mais nous optons pour la facilité en empruntant le bus direct qui quitte le village à 6h du matin ! Arrivés à Bodega, il nous faudra patienter une bonne heure avant de pouvoir prendre le ferry qui nous déposera à Magangue, à laquelle se rajoutera une bonne heure pour charger ce dernier. Situé au bas d’une pente en terre battue et plus que raide, son chargement et son déchargement sont impressionnants. Les vieux camions américains font rugir leur moteur avant de s’élancer à l’attaque de la berge et notre embarquement se fera en marche arrière. Autant pour notre bus, cela n’a rien de compliqué, autant pour certains camions à remorques, cela nécessite une virtuosité et une précision bluffante !
La navigation, douce et reposante, sera propice à une bonne sieste et quelques heures plus tard, nous retrouvons avec appréhension le terminal de Cartagena. Ne souhaitant pas réitérer l’erreur commise lors de notre première visite, nous nous installons cette fois en plein coeur du centre historique, dans un petit hôtel aux chambres aveugles. Initialement logés dans Getsemani, nous avons pris le parti de nous éloigner de ce quartier glauque aux relents de débauche affirmée ! La journée suivante sera consacrée à une revisite de la vieille ville que nous connaîtrons finalement par coeur et c’est avec un plaisir non-feint que nous prenons la direction du terminal pour partir, de nuit, vers Medellin. La perspective de repartir en altitude et de quitter la chaleur parfois étouffante de la côte nous réjouit, tout comme l’idée de quitter ce qui doit être le spot le plus touristique (avec tout ce que cela comporte de négatif) de Colombie !
Le lendemain matin, et après une nuit passée dans ce qui ressemble plus à un frigo qu’à un bus de nuit, nous arrivons fraichement moulus à Medellin. D’emblée, le contact est sympathique lorsqu’un jeune vigile engage la conversation et prend de nos nouvelles ! Le Colombien est accueillant et à Medellin, il se demande parfois ce que vous faites là ;o) ! Dimanche oblige, certaines grandes artères sont fermées pour laisser aux cyclistes et autres joggeurs la possibilité de pratiquer leur sport favori en toute quiétude. S’étendant dans une vallée du Nord au Sud, nos premières impressions sont assez positives… Une fois posés dans notre auberge, située dans la Zona Rosa aseptisée du sud de la ville, et après quelques parties de snooker et une bonne sieste, nous nous mettons en route pour le centre-ville. Disposant d’un métro, la circulation dans Medellin est assez simple. Une fois arrivé près de la Plaza Bolivar, Medellin révèle un visage beaucoup moins sympathique. Urbanisation chaotique, faciès patibulaires en veux tu en voilà, absence de curiosités architecturales, la déception est palpable et notre première visite en ville se voit rapidement écourtée. Très connue pour sa vie nocturne trépidante, Medellin ne possède à mes yeux que très peu de charme et comme nous ne sommes pas venus pour sortir jusqu’aux petites heures ni pour goûter à tous les vices de l’endroit, nous resterons rapidement sur ce constat.
Le lundi, nous prenons donc la poudre d’escampette, direction la petite ville de Sante Fe de Antioquia, sise à une bonne heure de route de Medellin. Après un trajet sans encombres et la formalité d’un checkpoint militaire, nous arrivons dans une ville charmante à l’architecture coloniale préservée, lieu de villégiature d’une classe colombienne aisée. Sous une chaleur accablante qui nous fait directement regretter le printemps éternel qui baigne Medellin (ok, un point positif pour Medellin, son climat ;o), nous faisons un rapide tour avant d’embarquer dans un rickshaw pour aller voir le Puente de Occidente, qui fut autrefois le plus long pont suspendu d’Amérique Latine. Encore une fois, des paysages splendides nous y emmènent et notre chauffeur se fera prolixe quant à son historique !
De retour à Medellin, nous irons également visiter le Jardin Botanique (rien d’exceptionnel) ainsi que le Musée d’Art Contemporain (en phase d’assemblage de la prochaine exposition, vide donc) avant de reprendre la route pour nous enfoncer dans la zone du café, en prenant Manizales comme premier point de départ.
Ville estudiantine par excellence, Manizales nous accueille dans un terminal de bus flambant neuf, agrémenté d’une station de… téléphérique. Pas de pistes de skis à l’horizon mais, comme souvent, la ville s’étale sur les nombreux versants des montagnes environnantes et les rues, aux dénivelées improbables, ont de quoi faire souffrir les moteurs les plus puissants. Au vu de l’état de certains taxis, on se demande d’ailleurs comment ils réussissent encore à gravir ces pentes et on admire la maîtrise locale du démarrage en côte ! Notre auberge, située également dans la zona rosa et non loin d’une artère fortement fréquentée par les étudiants, est tenue par une famille colombienne sympathique et accueillante. Après avoir analysé les différents tours possibles dans la région, nous décidons de visiter une hacienda produisant du café le lendemain et de partir à l’assaut du volcan-glacier Nevado del Ruiz le surlendemain. De quoi meubler allègrement les 2 jours à venir et découvrir ainsi cette splendide région !
Pour nous rendre à l’Hacienda Guayabal, une ferme produisant du café sur pas moins de 64 hectares, nous prenons deux bus. Le premier à destination de Chinchina où un rapide switch s’opère et un deuxième, supposé s’arrêter non loin du chemin menant à l’Hacienda. N’étant pas du cru, nous nous laissons porter par les paysages jusqu’au moment où le bus s’immobilise au milieu de nulle part, l’ensemble des passagers nous dévisageant avant que le chauffeur ne nous indique que, vu notre faciès de touristes, il était fort probable que nous allions visiter l’hacienda et que, dans ce cas, il serait intelligent de descendre et d’emprunter le petit chemin situé sur notre gauche ! Ca, c’est du service !
Après une très rapide marche, nous pénétrons dans ce domaine dédié au café. Une petite pause et une première tasse de café plus tard et nous débutons la visite. Pendant plus d’une heure, nous parcourons la ferme de long en large, de la ‘maternité’ où sont plantés les premiers plants de café au séchoir et à la mise en sac des grains sélectionnés avec soin. Une multitude d’informations nous sont communiquées et l’ensemble de la visite est d’un intérêt incroyable. Réservés à l’exportation, les meilleurs grains sont récoltés manuellement par des travailleurs percevant 300 pesos pour chaque kilo qui atterrit dans leur besace (soit environ 12 eurocents par kilo !!!). En récoltant entre 30 et 100 kilos par jour selon son expérience, un travailleur peut ainsi gagner entre 3,6 € et 12 € quotidiennement pour un labeur qui s’effectue sous la chaleur, au milieu des moustiques et parfois des serpents… Pensez au prix de votre kilo de café ou de votre patch Nespresso et ces chiffres prennent une dimension toute autre !
Une fois cette visite terminée, nous reprenons la direction de Manizales. Au programme du lendemain, un réveil aux aurores et la visite d’une partie du parc Los Nevados, avec en prime l’ascension du Nevado del Ruiz, un glacier-volcan qui promet de nous emmener à 5125 mètres d’altitude si nos poumons le veulent bien ! Nous sommes prévenus, le soleil cogne et il n’est pas rare de voir quelques touristes évacuer leur petit déjeuner à cause de l’altitude !
Après une bonne-courte nuit de repos, direction l’entrée du parc et la Laguna Verde. L’objectif du trajet aller, outre de nous faire découvrir des paysages splendides, est également de nous permettre de nous adapter à l’altitude et de passer sans trop de séquelles des 2500 mètres de Manizales aux 4800 mètres du refuge d’où nous partirons pour notre ascension ! Nous nous arrêtons ainsi fréquemment, comme un plongeur, et découvrons un paysage aride, sec, composé de sable et de poussières, de cendres et de rochers. Une fois au refuge, les choses sérieuses commencent. Notre guide nous donne quelques conseils et, munis de nos bâtons, nous attaquons le sentier qui nous sépare des 5125 mètres qui représentent la limite que nous ne pouvons pas dépasser. Le vent se lève, il fait ciel bleu, jusque là, tout va bien ! Calquant notre pas sur celui de notre guide, de nombreuses pauses sont nécessaires, nous encaissons un vent frontal soufflant en rafales soutenues et c’est le coeur léger et les yeux écarquillés que nous embrassons le panorama qui nous est offert une fois arrivés aux fatidiques 5125 mètres. De toute beauté ! La descente s’avère être une pure partie de plaisir et un bref arrêt dans un therme situé à la sortie du parc nous permettra de décompresser dans une eau à plus de 40 degrés…
Avant de rentrer à Bogota, il nous reste une ultime étape à Salento, un autre petit village situé dans la zone du café, non loin de la vallée de Cocora, l’une des plus belles de Colombie. Pour nous y rendre, nous rempilons dans deux bus. Afin de nous faire gagner du temps et de nous éviter de devoir revenir sur nos pas, notre premier chauffeur nous propose de nous déposer au bord de la route, juste avant l’embranchement qu’empruntent les bus se rendant à Salento. Ni une ni deux, nous acceptons sa proposition et 1h30 plus tard, nous voilà perdu au milieu de nulle part, attendant un bus qui ne se montre pas. Seuls ainsi au bord d’une route inconnue, on se dit rapidement que ce n’était peut-être pas la meilleure idée du voyage, surtout lorsqu’un sombre individu fait résonner son klaxon en nous croisant. On ne connaît pas la situation dans la région, le colombien est parfois friand d’armes à feu, ce serait con de se faire dévaliser à quelques jours de notre retour. C’est donc avec soulagement que nous voyons arriver notre collectivo et que nous débarquons à l’entrée du village, sous une pluie battante.
Le week-end, Salento prend des airs de village en fête. Tentes sur la place principale proposant boissons et nourritures, musique à tous les étages, touristes colombiens venus profiter de la nature environnante et faire un peu de VTT, on s’y sent directement à l’aise et on ne peut résister aux truites proposées dans de nombreux menus. Notre auberge, située juste à l’entrée du village, est au calme, perdue dans une nature luxuriante et nous permet de faire de multiples contacts au coin du feu. Avant de retrouver la folie de Bogota, c’est donc le lieu idéal pour se détendre un chouia après presque un mois de voyage.
Lundi passé, un nouveau réveil aux aurores nous permet de grimper dans une jeep, direction une autre partie du parc Los Nevados, afin de déambuler dans la vallée de Cocora, mondialement (si si) connue pour ses Wax Palmtrees, des palmiers typiquement colombiens pouvant atteindre une hauteur de 60 mètres ! Le début de la promenade est juste splendide, la lumière du matin parfaite et après une bonne heure, nous pénétrons dans la Cloud Forest du parc. Petits ponts faits de bambous jetés en travers de la rivière, végétation luxuriante et diversifiée, la balade se fait plus physique et atteint son paroxysme lors de la montée, raide et altitudinesque (on est a plus de 2000 metres quand même !) du lieu-dit La Montana. Durant ces 5 heures de déambulations, et malgré les nuages qui firent leur apparition en milieu de parcours (un classique ;o), nous nous en sommes mis une fois de plus plein les yeux et surtout plein l’appareil photo.
Mardi, et après une dernière nuit plutôt reposante après les événements de lundi, direction Bogota en bus de jour. Rien de bien intéressant à raconter, si ce n’est l’entrée en ville à Bogota ou pendant une bonne heure nous parcourons la périphérie de cette mégapole et ses quartiers pauvres qui côtoient la construction de complexes immobiliers flambant neufs…
Mercredi, notre dernière vraie journée à Bogota, nous en avons profité pour visiter le musée Botero, la Casa de la Moneda ainsi que le Musée de la police. Toutes ces visites se sont avérées excessivement intéressantes, les colombiens sachant mettre leurs oeuvres en valeur !
Et finalement, jeudi, après un réveil à 5h30 du matin pour dire au revoir à Conny, j’ai profité de mes dernières heures pour déguster un délicieux hamburger à quelques pas de la Catedral Primada de Bogota, me baignant ainsi une ultime fois dans l’ambiance particulière de la Candelaria. Rien à faire mais il y a quelque chose que j’aime à propos de Bogota, même si je n’arrive pas encore à clairement identifier quoi ;o).
Voilà donc pour le résumé succint (quoique) de la deuxième partie de ce voyage colombien. Un voyage magnifique à bien des égards et qui renforce ce sentiment d’affection que j’ai pour l’Amérique Latine et ses habitants. Une destination à définitivement conseiller, malgré toutes les choses qui sont dites à son sujet !
Pour ceux qui souhaiteraient voir les quelques photos prises lors de ce périple, elles sont toutes disponibles sur Fotopedia. Il vous suffit de cliquer ici ou sur le diapo ci-dessous. Et pour ceux qui auront digérés les 2526 mots de ce post, qu’ils sachent que j’ai hâte de les retrouver autour d’un bon verre ;o) ! (Seb, je te paie une bière sur ce coup là ;o).
Sur ce, nos vemos !
2 commentaires
ça y est, fini, tout lu! Soif maintenant! :)
Welcome back J ! A ce week-end ?