Une fois n’est pas coutume, on clôturera ce voyage par un dernier post, rédigé en territoire belge (enfin ce qu’il en reste) !
Mardi matin, j’en profite pour récupérer un chouia après les aventures des derniers jours. Matinée tranquille dans Kathmandu, où je m’imprègne de cette atmosphère toujours aussi agréable.
En début d’après-midi, direction Bodnath (prononcez Bouddhanath, ça aide face au chauffeur de taxi !). Haut lieu de la religion bouddhiste, on y trouve un gigantesque stupa, installé au centre d’une place et autour duquel tourne sans discontinuer une foule bigarrée, composée de touristes, de moines et de locaux. Il n’est plus question ici de philosophie bouddhiste comme on peut la percevoir parfois, mais d’une réelle ferveur religieuse où génuflexions, offrandes et égrenages de chapelets sont légion. La dimension est particulièrement impressionnante à la nuit tombée (vers 17h45) quand une foule dense parcourt la base du monument à une cadence soutenue.
Je me laisse facilement prendre par l’énergie du lieu et, entre incursions dans les ruelles rayonnant autour du stupa et visites de monastères aux alentours, je reviens constamment pour l’un ou l’autre tour. L’occasion de rencontrer un moine tibétain qui, après avoir échangé les formules de politesse d’usage liées à mon statut de touriste, m’emmène sur l’un des toits du monastère de Shechen. Son histoire, qu’il me raconte pendant une bonne heure, à de quoi faire froid dans le dos, et je ne m’étendrai pas sur son contenu ici. Elle semble véridique au vu des éléments qui la compose, même si j’espère secrètement qu’elle n’est qu’un prétexte pour obtenir quelques roupies à l’issue de notre entretien.
Mercredi, direction Patan cette fois. Ancienne cité-Etat, en banlieue immédiate de Kathmandu, son Durbar Square est considéré comme plus important que celui de KTM et de Bhaktapur. Le taxi me dépose à la lisière de la ville et j’emprunte un chemin non défini, me perdant petit à petit dans la périphérie de son centre. L’occasion de tomber sur de petites cours qui, parfois, abritent de magnifiques temples. L’arrivée sur Durbar Square se fait par hasard et après quelques minutes à me balader dans le bazaar qui en part, je suis interpellé par Michel, un photographe français qui passe énormément de temps ici. Tout en marchant, nous discutons de la ville, des népalais, de la situation du pays. Il s’en va chercher sa veste chez des amis népalais et je lui demande si je peux l’accompagner. Nous passerons au final l’après-midi ensemble, lui me présentant à bon nombres de ses connaissances et s’improvisant guide, moi l’assaillant de questions sur la société népalaise, qu’il m’explique au travers de ses multiples séjours. Une après-midi fortement enrichissante qui se clôture par ma dernière nuit à Kathmandu !
Jeudi, et parce que même si j’adore KTM, j’ai envie de retrouver la quiétude et l’ambiance hors du temps de Bhaktapur, j’affrète un taxi. En gros, l’aéroport est plus ou moins aussi proche de Bhaktapur que de KTM, autant en profiter. J’acquitte à nouveau les 1100 roupies garantissant l’accès au site (même si de nombreux points ne sont pas surveillés) et retrouve avec plaisir la pension familiale où je m’étais installé au début du séjour. L’occasion parfaite de me balader tranquillement avant d’envisager mon retour, et de m’empiffrer de Juju Dhau, le fameux yaourt cité précedemment.
Vendredi, direction l’aéroport. Rien qui vaille vraiment la peine d’être raconté me direz-vous. Si ce n’est que partir de Kathmandu est un challenge en soi, à croire que les autorités vous préfèrent dans le pays plutôt que chez vous ! Appliquez les étapes suivantes à Zaventem et imaginez que vous partez en pleine saison.
Etape 1 – L’entrée dans le terminal
Comme dans (presque) tous les aéroports, elle se fait par une porte. Ca, ça va. Mais derrière cette porte commence votre parcours, lorsqu’un premier agent de la sécurité vérifie votre billet / ticket électronique. S’ensuit directement un scan de l’ensemble de vos bagages et une fouille corporelle. Dans mon cas, elle se terminera par la confiscation de mon briquet (alors que celui présent dans mon bagage à main pourra y rester, logique implacable).
Etape 2 – Trouver son desk pour le check-in
Etant largement en avance (je ne suis pas en règle avec l’immigration, autant prendre son temps), les comptoirs d’Air India ne sont pas encore ouverts. Problème : impossible de savoir où ils se situeront dans le terminal. Après quelques hésitations, me voilà dans une file dont la majeure partie des occupants semble penser qu’elle est la bonne. Heureusement, 2h avant le départ du vol (niveau immigration, va pas falloir se rater), de petits panneaux sont attachés au dessus des comptoirs. J’aime bien, ça contraste avec Quatar Airways et ses écrans plasmas sur 4 rangées. L’employé d’Air India semble hilare lorsqu’il se rend compte que mes segments réservés posent problèmes, rameute quelques collègues et face à mon air dubitatif, m’explique qu’il leur apprend comme régler ce genre de soucis. Je serai enregistré jusqu’à Delhi, pour le reste, il faudra retirer un billet dans les aéroports suivants. Pas de soucis, j’ai du battement entre chaque vol…
Etape 3 – Passer l’immigration avec un VISA périmé
Souvenez-vous, la petite madame qui, à mon arrivée, m’avait dit que je n’aurais qu’à payer une petite amende lors de mon départ pour les deux jours non couverts par mon VISA. J’étais prêt à lui donner une franche accolade. Après mon passage à l’immigration, un peu moins. Explications. Contrairement à ce que prétend le Lonely (OK, il date de 2009), les extensions de VISA se passent dorénavant comme suit : prolongation obligatoire pour 15 jours (30 $) et amende de 3 $ par jour de dépassement. C’est con, je n’ai besoin que de 1 jour. J’essaie tant bien que mal de leur revendre les 14 jours en trop, les menaçant de rester devant le guichet pour toute cette période, sans me laver et en portant mes chaussures de treks, mais rien n’y fait. La loi est la loi. Inutile de mentionner que pour régler cette prolongation, il me faudra passer devant un agent de l’immigration, un banquier, un deuxième agent qui me fera remplir un formulaire, un troisième agent qui prendre acte du remplissage de ce dernier et un quatrième qui, comme notre roi, n’aura qu’un pouvoir de signature.
Etape 4 – Le Duty Free
Moment béni, après l’immigration, le Duty Free. Et probablement l’un des seuls au monde où les magazines, fardes de cigarettes,… sont deux fois plus chers que dans la rue. L’un dans l’autre, ça reste dérisoire mais cela fait sourire.
Etape 5 – L’accès aux portes d’embarquement
Comme vous venez de passer par le Duty Free, vous avez peut-être acheté une kalachnikov ou trois pains de C4. Il est donc logique de repasser votre bagage au scanner et de vous refouiller corporellement. Si vous réussissez l’épreuve, un cachet ornera votre billet, à présenter aux représentants de l’autorité situé deux mètres après la fin du tapis (au cas où vous auriez sauté au-dessus du portique et évité les 10 agents les précédant…).
Etape 6 – L’accès à la piste
Vous voilà prêt à embarquer. La météo n’étant pas clémente, vous partirez avec deux heures de retard, ce qui vous fera arriver à Delhi peu de temps avant le moment où votre avion pour Francfort décollera. Sauf si tout le monde se dépêche un peu. C’est sans compter sans la nouvelle fouille corporelle qui vous attend avant de descendre sur la piste pour rejoindre l’appareil. Vous venez de passer deux heures devant la porte d’embarquement, vous avez très bien pu fabriquer une arme de destruction massive avec les gobelets en plastique de la fontaine à eau ! Soit…
Etape 7 – L’embarquement dans l’avion
Une fois sur le tarmac, le coeur serein (et un peu détendu, vous vous êtes quand même fait tripoter 3 fois en une matinée), direction la passerelle d’embarquement. Mais attention : comme vous venez de vous faire fouiller à l’étape 6, rien ne garantit que, du terminal à la passerelle (100m), vous n’ayez pas profité de cet interlude de liberté pour siphonner le camion-citerne croisé il y a trois secondes, en profitant pour remplir votre bagage de cabine d’un produit hautement inflammable ! Trois modules sont donc installés au pied de la passerelle et chaque voyageur verra son bagage ouvert, fouillé, retourné, le tout avec le sourire. Reconnaissons le, ils sont sympas ! Peut-être juste un brin parano…
Etape 8 – Dans l’avion
Vous êtes dans l’avion. Parfait ! Mais pas les autres passagers qui doivent encore franchir l’étape 7. En calculant juste, vous pourriez voir votre vol décoller de Delhi au moment où vous atterrissez. Vous vous dites qu’au pire des cas, vous ferez un peu de tourisme si vous restez bloqué en Inde. Que nenni, vous n’avez pas de Visa indien.
Bref… Partir de Kathmandu s’est révélé une expérience en soi (j’ai failli rester 14 jours en plus), l’avion de Delhi nous attendait (après un ultime passage au scan et une dernière fouille) et le reste ne fut plus que formalité, avec une mention toute spéciale pour les douaniers de Francfort qui sont parmi les plus sympathiques que je connaisse !