Long time no post, ca promet soit une tartine, soit un condense. Promis, je vais essayer de faire court, et accessoirement diviser les nouvelles en deux messages, le premier aujourd’hui, et le second demain !
Apres l’ambiance tranquille de Pokhara, direction Tansen donc. L’occasion revee de tester sur une longue distance un bus local nepalais et de constater qu’effectivement, le trajet promet d’etre epique. En cause, des routes de montagnes que parcoure un vieux tacot branlant au volant duquel a ete installe un pilote plus qu’un chauffeur. Au menu, les maintenant classiques deboitages dans les virages, les colles-serres avec les vehicules venant a notre rencontre et une course poursuite memorable avec un bus concurrent empruntant la meme route que nous. Quand on sait que c’est le premier arrive qui empoche les passagers eventuels, on peut comprendre cette frenesie a se depasser continuellement au mepris de toutes les consignes de securites routieres mais apres 2h de ce traitement, on a tendance a vouloir arracher le cable du klaxon…
Tansen est l’exemple type de ce que j’appelle le Syndrome Lonely Planet. Dans chaque Lonely, il y a un endroit que l’auteur decrit comme incontournable, splendide, authentique, merveilleux,… bref, a ne manquer sous aucun pretexte. Dans le guide du Nepal, c’est Tansen, cette ville typique dont aucun touriste ne ressort mecontent, heureux qu’il est d’avoir ete berce par les « Namaste » continuels qui ponctuent ses deambulations, conquis par l’architecture preservee de ses ruelles etroites,… OK auteur inconnu du Lonely, je dois etre l’exception ! Je garde un souvenir mitige de Tansen. Personnellement, la ville, a flanc de colline, m’a parue animee certe, mais pas specialement hospitaliere. Il est vrai que j’ai apprecie l’activite qui regne dans les ateliers de couture, ou, sur les pas de portes, d’ages nepalais utilisent leur machine a coudre pour confectionner de multiples vetements. Et effectivement, l’architecture de certaines maisons et les denivelees de certaines rues etaient impressionnantes, mais il n’y a pas la matiere a fouetter un chat. A mes yeux, le seul interet de Tansen reside dans les balades qu’elle permet de faire dans ses alentours directs et qui passent par de petits villages, surplombant de belles vallees plongees dans un brouillard epais lors de mon passage.
Une fois la page de Tansen tournee, direction Lumbini, non loin de la frontiere indienne et connue mondialement pour etre le lieu de naissance de Bouddha. En chemin, je fais la connaissance de Lou, une franco-belge travaillant a 500m de chez moi et Joe, un teuton avec qui le contact passera directement bien et que je recroiserai par hasard lors de mon trek dans la Vallee du Langtang.
Mon programme s’etant quelque peu accelere depuis mon depart de Pokhara, dates de treks obligeant, je n’y passerai qu’une apres-midi, en compagnie de Joe et au guidon d’un bon vieux velo chinois qui deraillera une dizaine de fois et que je remettrai a son proprietaire avec la roue arriere eclatee (achetez chinois qu’ils disaient !). La « Zone de developpement » de Lumbini, qui represente son principal attrait, s’est construite autour du suppose lieu de naissance de Bouddha et est aujourd’hui un parc de 4km sur 2,5. Les communautes bouddhistes du monde entier y ont fait construire des temples aux architectures diverses, en fonction des financements dont elles disposaient. On y croise ainsi un temple allemand, francais, coreen (qui ressemble plus a un bunker qu’a autre chose), chinois (qui fait reellement penser a la Chine),… et bien sur Nepalais. Certains sont encore en travaux (comme le bunker coreen), d’autres respirent le neuf et le moderne et un moine nepalais n’est pas peu fier de nous annoncer qu’une commande de mille statuettes de Bouddha viendra bientot orner les murs de leur dernier temple, et que chacune sera eclairee par une ampoule LED. La balade cycliste est agreable et vu le terrain encore disponible et le projet qui suit toujours son cours, le resultat final, dans quelques annees, devrait etre excessivement impressionant !
La visite terminee et la nuit passee, il est temps de rejoindre Chitwan. Lou est de la partie et, frais comme des gardons, nous optons pour l’option bus local pour nous rendre a Sauraha, village situe en bordure du Parc National. Ce fut sport, avec pas moins de trois changements de bus dans des villes poussiereuses du Terai pour finir par embarquer dans un minivan qui nous conduira au village apres quelques 8h de correspondances endiablees. Si nous avions pris le bus touristique (direct lui), nous aurions paye 0.4 euros en plus. A vouloir faire des economies, on en perd parfois la notion de ce que valent 40 roupies et du gain de temps qu’elles permettent…
Pour Chitwan, j’ai opte pour la version offensive, avec un package concocte par un hotel et reserve a Pokhara. Au programme, deux jours et demi pour avoir un apercu tres succint de cette reserve naturelle de 932 km carres et dans laquelle il est possible de se faire charger par un rhinoceros, baffer par un ours, etouffer par un python, pietiner par un elephant sauvage ou digerer par un tigre. Afin de ne pas se mettre directement trop de pression, mon sejour commence par une courte marche aux abords du parc, l’occasion de deja apprecier les paysages et les chants des insectes.
Le lendemain matin, promenade a dos d’elephant dans la jungle. Moi qui ne suis pas forcement friand de ce genre de delires, je prends finalement beaucoup de plaisir et l’heure trente passee sur le dos de mon pachyderme me permettra d’apercevoir une maman rhino et son/sa petit(e), un python digerant son dernier repas (qui avait une belle taille… le repas s’entend) et d’emprunter des chemins qui, a pieds, auraient probablement ete moins pratiquables.
L’apres-midi, le temps se couvre mais ne m’empeche pas de prendre place dans une confortable pirogue, afin de sillonner la riviere a la recherche de crocodiles (timides ce jour la) et d’admirer la faune locale d’un autre point de vue. La descente est silencieuse, calme, bercee par de petits rapides et me permettra d’apercevoir une quantite impressionnante d’oiseaux dont, etrangement, les noms latins rapportes par mon guide m’echappent…
Point culminant de ce sejour, et suivant directement la balade en canoe : la promenade de deux heures dans la jungle, la vraie, enfin celle qui n’est quand meme pas trop loin du village. Avant de penetrer dans cette vegetation luxuriante, les regles de securite enoncees par le guide donnent le ton. Ca ne rigole pas a Chitwan ! En deux mots, et sait-on jamais que vous croisiez les animaux suivants en allant faire vos courses, voici que faire au cas ou vous tomberiez sur :
– un ours : si vous etes en groupe, c’est parfait ! Tapez des mains (et des pieds si vous voulez), rassemblez vous et si vous avez un baton sous la main, n’hesitez pas a frapper, ils ont la tete dure ces bestiaux !
– un tigre : on marche a reculons, lentement, on ne tourne jamais le dos et surtout on ne court pas !
– un rhinoceros : s’il fait mine de vous charger (s’il est avec son petit, vous etes foutus !), grimper dans un arbre devrait vous sauver. Si l’arbre est trop gros, planquez vous derriere (il est possible que le rhino ait alors envie de jouer a « J’ai perdu mon mouchoir » et vous tourne autour). Si vous etes en terrain decouvert, faites comme Forrest et courrez, mais en zigzag de preferences. La bestiole atteignant des pointes de 70 km/h en ligne droite, vous risquez de ne pas faire long feu.
– un elephant sauvage : priez…
Admettons que, enonce comme ca, et juste avant de penetrer dans la jungle, ca fait reflechir, surtout qu’a part le cas de l’elephant sauvage, je ne suis pas sur d’assurer dans les autres situations…
Mais qu’a cela ne tienne ! Muni de son baton (souvenez vous, l’ours), mon guide ouvre la voie, accompagne de son acolyte eclaireur. La balade commence doucement, permet d’apercevoir des cerfs, des singes,… et nous nous enfoncons petit a petit dans le vif du sujet. Au loin, un semblant de tonnerre commence a se faire entendre. Vingt minutes plus tard, un vent de tempete se leve et la pluie se met a tomber. Notre guide s’arrete, observe le ciel a travers la canopee et decrete qu’il serait dangereux de continuer. S’ensuit une bonne drache de mousson (alors que celle-ci est finie depuis bien deux mois) qui nous fera courrir une bonne demi-heure pour rejoindre l’hotel, faisant fi de toutes les consignes precedemment enoncees et passant peut-etre a cote de quelque bete sauvage sans l’apercevoir. Au final, pas de tigres ni d’ours au menu et en guise d’attaque animaliere, je me contenterai de servir de garde-manger a une bonne dizaine de sangsues, si j’en crois les marques laissees sur mes chevilles, mollets, cuisses et bas du dos ! A posteriori, l’experience etait assez sympathique, meme si, lors de mon depart de Chitwan, je regrette un peu de ne pas avoir profite plus de sa flore et de sa faune !
Apres cette experience pluvieuse mais heureuse, il est temps de revenir sur Kathmandu pour preparer doucement mais surement le trek que j’ai reserve aupres d’une agence et qui m’emmenera dans la Vallee du Langtang, situee au Nord de la capitale. 5 jours de marche au total, et un jour de bus local pour y aller et en revenir (consideres comme bien pires que le trek lui-meme… je confirme). Mais tout cela, ce sera pour demain !