Mardi matin, c’est donc la fete avec un reveil a 4h45 du matin, direction Kathmandu avec Marc, un neerlandophone bien de chez nous qui voyagera avec moi jusque Dumre, ville-carrefour ou nos chemins se separeront. En patriote que je suis, et malgre l’heure plus que matinale, je decide d’engager la conversation dans la langue de Vondel. J’en serai pour mes frais, Marc etant plutot bavard !
Chose surprenante a 5h00 du matin : l’activite qui regne deja dans les rues de Bhaktapur. Le soleil n’est pas encore leve mais les rues sont envahies par les habitants qui, semble-t-il, effectuent leur marche…
Une fois arrive a Kathmandu, j’embarque dans ce qui est communement appele un Tourist Bus. Entendez que le bus ne s’arretera pas en chemin pour embarquer d’autres personnes et qu’un beau bandeau « Tourist Only » barre le haut du pare-brise.
Pour rejoindre Dumre, seconde etape de mon voyage du jour, nous empruntons la Prithivi Highway, qui se resume a une route a deux bandes, sinueuse a souhait et ou les vehicules se croisent avec parfois seulement quelques centimetres d’ecart. Le style de conduite est plutot sportif, voire agressif, les depassements peuvent s’effectuer dans les virages (c’est meme conseille) et le klaxon accompagne le trajet de son doux chant melodieux. La route est cependant panoramique, longeant la riviere Trisuli et ses rapides, ce qui n’est pas deplaisant.
Une fois arrive a Dumre, j’avise l’une des jeeps qui me permettra de rejoindre Bandipur, haute perchee et ancienne etape sur la route commerciale reliant le Tibet a l’Inde. Et une fois arrive, c’est le bonheur. Constituee d’une artere principale ou s’alternent auberges, restaurants et petits commerces, certains de ses batiments ont ete completement renoves, redonnant ses lettres de noblesse au style d’antan. Et malgre ce cote tres propret, point de magasins de souvenirs mais une profonde impression que, malgre son aspect touristique, ici aussi la vie a continue comme avant, de maniere authentique et vraie.
J’ai a peine le temps de poser mon sac qu’une gamine m’accoste et me propose de venir voir une auberge qui, selon elle, vaut la peine. Vu son insistance et son bagout, je finis par obtemperer et me voila occupe a gravir de multiples volees d’escaliers qui me meneront dans une tranquille pension familiale surplombant le village. La vue est magnifique, donnant sur les collines avoisinantes et j’y passerai un sejour des plus agreables.
A partir de Bandipur, et outre l’ambiance propre au village, il est possible d’effectuer de sympathiques randonnees.
Mercredi, je me lance donc, avec dans l’idee de rejoindre un mont tout proche et offrant une vue annoncee comme spectaculaire sur l’Himalaya. Le debut du sentier etant balise, je me dis que la balade sera aisee… Mais c’est sans compter sur l’esprit retors du nepalais qui, afin sans doute de favoriser l’engagement de guides, a scrupuleusement retire tous les panneaux suivants. Apres m’etre plus ou moins egare dans une foret ou le nombre d’araignees (dont certaines especes doivent ravir les entomologistes. Personnellement, elles m’inspirent plutot une crainte sans bornes) fait concurrence au nombre d’arbres, je reviens sur mes pas et decide d’entreprendre le Bandipur Trail, un chemin qui descend vers Dumre en passant par differents villages, le tout en descente pure. Et, une fois n’etant pas coutume, je me reperds completement chemin faisant, ne sachant quel sentier choisir parmi la multitude des bifurcations que je rencontre. Au final, je m’en sors plus ou moins bien, arrivant a 1km de la fin supposee du Trail. Afin de me remettre des 13 litres d’eau ainsi evacue et surtout de secher un peu, je m’installe sur le toit de la jeep qui me ramenera a Bandipur.
Mon arrivee ayant coincide avec le debut du Tihar, l’ensemble de mon sejour sera berce par la lueur des bougies qui, le soir venu, sont allumees sur les seuils, fenetres, marches,… (ca tombe bien, de nombreux blackouts ponctuant les soirees). Les chants d’enfants, passant de maison en maison des la nuit tombee, rajouteront une dimension des plus sympathiques a l’ensemble !
Jeudi, rebelotte. Cette fois, je prends la direction de Ramkot, situe a 5 kilometres de Bandipur. La balade est splendide, longeant les flancs de differentes collines avant d’arriver dans le village ! Une fois sur place, et apres seulement quelques minutes, je suis rejoins par Karka, un habitant qui s’installe pres de moi et entame une discussion qui durera une heure, dans un nepalo-anglais qui nous permettra de nous comprendre. Nous parlons de sa communaute, de la maniere dont ils vivent, de sa tribu, de ses us et coutumes… Il m’apprendra egalement que les maisons rondes que l’on trouve dans le village sont censees garder la chaleur du jour, les villageois de l’epoque n’ayant pas toujours eu de quoi s’habiller chaudement. Malheureusement, le soleil se couchant vers 17h30, je suis contraint d’ecourter la discussion et reprends le chemin de Bandipur…
Vendredi, j’avais initialement prevu de rejoindre Pokhara. Mais, un peu comme a Bhaktapur, j’ai du mal a quitter Bandipur. Cette impression d’etre hors du temps doit jouer et je decide finalement de passer une derniere nuit sur place. A 13h, je suis interpelle par la fille du tenancier de la pension : je suis attendu par toute la famille pour partager avec eu leur repas de Diwali. Assis autour d’une dizaine de plats differents et munis d’un verre d’alcool de riz fait maison (qui aura la tres facheuse tendance de ne jamais rester a moitie plein bien longtemps !), toute la famille fait ripaille : poulets, poissons et autres preparations aux saveurs inconnues ponctueront une partie de l’apres-midi. Tout comme le verre, mon assiette semble ne jamais se vider…
Samedi matin, c’est le depart vers Pokhara. Le fils de mon hote y habitant, il me propose gentiment de m’y deposer a moto. C’etait sans compter sur la taille de mon sac, qui lui fait vite comprendre qu’a moins de renforcer sa suspension arriere, il y a peu de chances que nous arrivions entier avec une telle charge… Pour parfaire le tout, je suis de nouveau invite a rester pour le repas de midi, invitation que je decline poliment, il est temps de prendre la route et j’estime avoir deja trop abuse de leur hospitalite.
Apres un trajet plutot agreable (si l’on omet les habituelles frayeurs dues au style de conduite local et les nids de poules qui feraient palir de jalousie certaines autoroutes wallones), j’arrive a Lakeside Pokhara, le quartier touristique de la ville ou s’entassent auberges, restaurants, bar lounge, boutiques de trekking,… Un Thamel miniature, au bord du lac Fewa, a l’ambiance beaucoup plus tranquille !
Hier, reveil matinal pour monter au village de Sarangkot et assister au lever du soleil sur l’Himalaya. Installes sur un petit promontoire, les touristes que nous sommes assistent ainsi a l’emergence de ces geants, progressivement baignes par les rayons du soleil. L’effet est surprenant, les vallees alentours sont noyees dans la brume et les cimes se devoilent petit a petit, sortant d’une profonde obscurite et empruntant des teintes rosees avant de se reveler pleinement.
Aujourd’hui, je me lance dans la conquete des routes nepalaises. Plusieurs sites interessants etant situes en peripherie de Pokhara, la location d’un scooter s’avere vite la solution la plus commode pour partir a leur decouverte. Apres de rapides tractations, je me retrouve au guidon d’un scooter old-school, passe vite m’acheter une carte et attaque le bitume, esperant que la circulation sera plus abordable qu’a Kathmandu. Et c’est le cas. Meme si le style local et la conduite a gauche surprennent au debut, les reflexes reviennent vite et apres avoir manque de m’encastrer dans un minivan ayant freine bloc pour eviter un pieton (le con) traversant l’autoroute (enfin, la route a deux bandes…), ca devient vite une partie de plaisir.
Premiere etape de la journee, les lacs Begnas et Rupa, situe a une quinzaine de kilometres de Pokhara. En temps normal, on peut y voir les montagnes s’y refleter mais la nebulosite du jour ne le permet pas. La balade le long du Begnas s’avere cependant excessivement agreable.
Apres un rapide pit-stop a Pokhara pour manger un bout, je prends la direction de ce que le Lonely Planet appelle un village Tibetain et que ma carte routiere identifie comme un camp de refugie. Apres quelques conversations sur place, l’option 2 me parait la plus vraisemblable, meme si, touristiquement parlant, elle est moins glamour… Tashi Paluel, le camp-village en question, abrite aussi un monastere hebergeant une centaine de moines. Deux fois par jour, ces derniers se reunissent dans le temple, pour mediter. Les voix, monocordes, resonnent et sont accompagnees de martelements de tambours, de trompettes, de cymballes. Jeunes et moins jeunes moines se cotoient et une certaine effervescence regne a l’interieur du temple. J’y reste trois bons 1/4 d’heure, gagne par l’ambiance que je suis.
A la sortie du temple, je retrouve un peu de Belgique. Une vieille drache bien drue m’attend et me trempe les os en l’espace de quelques secondes. J’irai temporairement trouver refuge chez une petite dame tenant un magasin d’artisanat tibetain. Ayant fui le Tibet en 1959 avec ses freres et soeurs mais en y laissant ses parents, elle me fait part de sa tristesse d’etre sans pays et de vivre ainsi depuis 52 ans, loin de sa terre… Une discussion prenante, qui se cloturera par l’attachement d’un bracelet « porte-chance » a mon poignet et un don de papier-journal pour mettre sur la selle de mon destrier…
Demain, direction Tansen, avant de faire un passage eclair a Lumbini et de m’enfoncer dans la jungle de Chitwan.
Nos vemos !